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« La culture populaire a retenu uniquement la partie la plus dramatique du livre de l’Apocalypse »

Régis Burnet est professeur de Nouveau Testament à l’université catholique de Louvain. Avec Pierre-Edouard Detal, il vient de publier Armageddon. Une histoire de la fin du monde (PUF, 269 pages, 21 €), où ils remontent aux origines bibliques du concept d’Armageddon, pour mieux analyser les représentations contemporaines liées à ce motif apocalyptique. Dans un entretien au Monde des religions, le théologien décrypte la genèse et l’évolution de cette notion importante du christianisme, devenue le reflet des grandes peurs de l’humanité.
Il n’y a qu’une seule occurrence du terme dans la Bible, uniquement dans ce verset : c’est ce que l’on appelle un « hapax ». Jean décrit des événements qui se déroulent sur la Terre et qui vont conduire à la destruction des forces du Mal par les forces du Bien et la « descente » de la « Jérusalem céleste », une « ville sainte » décrite comme « resplendissante de la gloire de Dieu ».
Armageddon est le point de départ de cette grande bataille de la fin des temps. Le terme désigne le lieu de la coalition des forces du Mal, mais aussi le site où elles seront défaites. Par conséquent, Armageddon est également le lieu de la victoire de Dieu qui permet l’Apocalypse – du grec apocalupsis, « révélation », « dévoilement ».
La culture populaire a seulement retenu du livre de l’Apocalypse la partie la plus dramatique, c’est-à-dire une série d’événements catastrophiques dont le but n’est pas de détruire l’humanité, mais le Mal. Le fin mot de cette Révélation, c’est la descente de la Jérusalem céleste, un lieu où l’on restaure la vie dans une cité idéale où Dieu figure en son milieu. D’une certaine manière, on restaure le paradis perdu sous la forme d’une ville.
Le livre de l’Apocalypse, qui a été pendant 1 500 ans très périphérique, a également beaucoup nourri les combats autour de la Réforme. Chaque camp affirmait être du « côté du cavalier blanc » mentionné par le texte et accusait l’autre d’être de celui de la maléfique « Bête ». De nombreuses interprétations du mystérieux nombre 666, celui que le Diable fait figurer sur le front de ses troupes dans le récit, ont été proposées. Certains ont soutenu que c’était le nombre du Pape, d’autres que la Bête était Luther lui-même…
L’Armageddon mobilise tous les « rois de la Terre », décrits comme des puissances négatives. Tout commence par la descente sur Terre du « grand Dragon », une incarnation du mal, qui reprend le mythe de la chute de Satan, l’ange déchu. Celui-ci dispose d’un fidèle auxiliaire, la « Bête », que l’on peut interpréter comme une personnification de l’Empire romain [selon une interprétation largement partagée, l’auteur de l’Apocalypse, qui écrivait probablement sous le règne de l’empereur Domitien, dans la seconde moitié du Ier siècle, dénonçait ainsi l’oppression du pouvoir romain].
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